Clinic

Over

Quand nous avons fondé la Clinic Orgasm Society, nous ne pensions pas vraiment à une compagnie de théâtre, mais plutôt à une sorte de label. Une structure dans laquelle divers artistes, de n’importe quelle discipline, pourraient venir confronter leurs univers singuliers, à travers un état d’esprit un peu particulier. Il ne s’agit que du deuxième projet théâtral sous ce nom, mais certaines lignes se sont déjà affirmées.
Avec la Clinic Orgasm Society, nous voulons mettre le spectateur dans un rapport imprévu à la scène. Enlever toute solennité, tout vernis qui “emballerait” le spectacle, qui lui donnerait des contours lisses, séduisants et plus digestes. Nous pensons que les “scories” augmentent le pouvoir suggestif de la représentation. Nous aimons ce qui dépasse, ce qui n’est pas net ou raffiné, ce qui est maladroit, bancal. Nous aimons ce qui provoque des failles dans lesquelles les évidences s’émiettent d’elles-mêmes, dans lesquelles notre “humanité” et notre “inhumanité” se retrouvent à égalité. En bref, nous aimons l’IMPERFECTION.
Nous aimons l’idée que le spectateur se trouve confronté à la représentation comme par hasard, de la même manière qu’il serait le témoin d’un accident de voiture. Dans l’idéal, nous cherchons à poser sur scène un acte, pour que le spectateur crée lui-même sa représentation.
Pour travailler, nous partons de nos malaises, de nos sensations refoulées, de ce qui sépare l’intellect de l’organique. Nous essayons alors par tâtonnements, en improvisations, d’en toucher ce qu’on pourrait appeler pompeusement le “nœud tragique”, le lieu où la raison n’a plus prise, où l’imagination touche une limite. Rien de triste ou de pathétique là-dedans. Au contraire, notre démarche est festive. Le spectacle naît de notre “lutte” — à mains nues — avec ce nœud tragique.
Pour finir, nous essayons toujours sur scène de susciter chez le spectateur une empathie, voire une identification, avec les individus qu’il a en face de lui ; tout en lui laissant la possibilité de prendre de la distance par rapport à la représentation. Pour le dire autrement, nous pensons que le fait de poser l’acte a autant de sens que ce qu’il raconte.